Le Cimetière

L'HISTOIRE DU CIMETIERE

 

Le projet définitif pour déplacer le cimetière hors du bourg (il était initialement aux abords de l'église et avait une superficie de 505 m² qui le rend trop exigüe) est prise très tardivement en 1935. Toutefois, c'est un sujet qui est abordé depuis un certain temps.

Le 2 juillet 1933, le conseil municipal envisage déjà son déplacement et explique qu'il y a "lieu de rechercher un emplacement convenable dont l'état hygrométrique du sous-sol serai favorable.». Ce faisant, ils désignent plusieurs élus qui devront "se mettre en rapport avec divers propriétaires [...] pour obtenir l'autorisation de faire pratiquer par des prestataires, sur des champs déterminés, des fouilles de deux mètres de profondeur, restant ouvertes un laps de temps suffisant pour juger du niveau de la nappe phréatique."

Le 29 octobre 1933, une première fouille est effectuée au lieu-dit "le Clos". Ses fouilles font 2.50 m de long sur 1.20 m de large et 2.50 m de profondeur. Le 10 janvier 1934, à la suite de résultats satisfaisant concernant ces fouilles le conseil municipal prend la décision de solliciter Mr le Préfet afin qu'il désigne un géologue pour examiner le terrain choisi. Le rapport favorable du géologue reçu le 19 février 1934 est présenté à la séance suivante du conseil municipal, le 24 février 1934. Il convient maintenant que Mr le Maire rencontre les propriétaires pour fixer le prix du terrain.

Cependant les conclusions du géologue et la décision de changer de place le cimetière ne sera voté que le 24 octobre 1934. Les conclusions du géologue sont les suivantes "En résumé, le nouveau cimetière que veut créer la municipalité de Vassel, donnera toutes satisfactions au point de vue de la salubrité publique, tant qu'à sa position topographique que de part la nature meuble et perméable du sol et de son sous-sol. La création du cimetière peut donc être autorisée." C'est à cette séance du conseil qu'est décidé d'acquérir un terrain d'une surface de 1855 m², terrain situé à plus de 200 mètres de toutes habitations, sources, puits... possédant un accès facile et convenablement exposé Nord/Nord-Ouest. Le prix fixé pour l'achat est de 1,25 francs le mètre carré, ce qui est raisonnable et entraine une dépense de 3000 francs. Il est donc décidé de supprimer le cimetière actuel et sa translation sur le terrain choisi. Il est également décidé de faire un emprunt pour payer la clôture du cimetière. Dans le même temps la commune sollicite une subvention pour cette opération auprès du Département et de l'Etat, "subvention aussi élevée que possible pour aider à couvrir ces diverses dépenses, étant donné que la commune de Vassel est sans ressources [car] elle a contracté un prêt de 10 000 francs pour la réfection totale du toit de l'Eglise [et] qu'elle aura à envisager bientôt deux nouveaux emprunts, tant pour l'assainissement de la plaine "sous Vassel", que pour le remplacement ou partiel ou total de la canalisation des fontaines et la création du château d'eau."

Le 17 février 1935, le Maire présente aux conseil municipale toutes les pièces relatives au projet de translation du cimetière : plan d'aménagement, dessins des ouvrages d'art, devis, bordereau des prix, détail estimatif des travaux... Le coût total des travaux pour le cimetière s'élève à 62 300 francs. Toutes ces pièces "font l'objet d'un examen attentif de la part des membres de l'assemblée qui les approuve sans observation à l'unanimité. La commune ayant déjà demandé par délibération antérieure qu'une subvention de l'Etat et du Département lui soit allouée à ce sujet [et] envisageant que l'obtention de cette subvention demande un certain délai, le Conseil Municipal sollicite de l'Administration supérieure, l'autorisation de commencer les travaux dès approbation du projet, c'est à dire avant d'avoir obtenu la subvention sollicitée, s'engageant de payer les travaux effectués sur des ressources qu'il pense pouvoir se procurer par un emprunt communal sur particuliers, se réservant à l'égard des souscripteurs, le droit de rembourser par anticipation et par tirage au sort, un certain nombre d'obligations dès réception de la subvention sollicitée".

Le 18 janvier 1936, Mr Vigier, maire de Vassel réunit le conseil municipal afin d'envisager comment il va être possible de "se procurer les ressources nécessaires à l'exécution des travaux du nouveau cimetière dont le projet est approuvé et subventionnés". Il explique que l'emprunt local sur particuliers qui avait été envisagé n'a donné aucun résultat, "contrairement à celui de dix mille francs (1933) qui fut facilement réalisé en raison de sa faible importance et de son remboursement en quatre annuités. L'échec des démarches pour celui qui [les] préoccupe [...] réside dans sa durée trentenaire qui immobilise pour une longue période le capital placé par le prêteur".  A la suite de cet échec, la commune décide donc de faire un prêt à la Caisse de Crédit aux départements et aux communes pour obtenir le capital nécessaire à l'opération. Monsieur le maire explique que "notre commune avec sa faible population rentre dans la catégorie de celles pour lesquelles il peut être tenu compte de l'urgence et de l'utilité des travaux à réaliser sans retard pour remédier, dans une certaine mesure, au chômage qui sévit dans la région.".  

Toutefois, l'année se passe sans que les choses n'avancent et le 22 décembre 1936 le conseil municipal rappelle l'urgence à faire exécuter les deux projets en attente : translation du cimetière et assainissement de la plaine de Vassel-Bouzel-Vertaizon. Le conseil prend donc "la décision ferme" de faire un emprunt de 90 000 francs sur trente ans pour effectuer ces travaux : 54 200 francs pour le cimetière et 35 800 francs pour les fossés. Cette délibération sera modifiée une nouvelle fois le 28 avril 1937 alors que la commune doit prendre un prêt auprès du Crédit Foncier de France. 

Le 23 septembre 1937, le conseil municipal désigne deux de ses membres pour assister le maire dans le cadre de l'adjudication des travaux du cimetière. 

Le 8 novembre 1937, "en raison de l'augmentation de prix des matériaux employés à l'édification du cimetière dont l'adjudication vient d'être d'avoir lieu, le Conseil, à l'unanimité, de ses membres présents accepte l'augmentation de 12 % sur le prix du devis, consentie par MM Tixier & Frères, entrepreneurs à Billom, et les déclare adjudicataires des travaux de translation du cimetière."

Le 30 janvier 1938, le conseil municipal "considérant que depuis quelques années tout augmente" et que le travaux du cimetière ont engendré "un surcoût de dépenses de 12%"  auquel s'ajoute la nécessitée journalière d'entretien de 500 mètres de chemin pour accéder au chantier, "sollicite de la commission départementale, une subvention aussi élevée que possible pour aider la commune à couvrir les dépenses sans trop grever les contribuables." 

Le 15 novembre 1939, Mr le Maire présente un devis de l'entreprise MM Tixier & Frères concernant l'érection d'un caveau dépositoire au nouveau cimetière et d'un monument au-dessus s'élevant à 7 500 francs qui est accepté à l'unanimité. 

Le cimetière est totalement achevé le 19 aout 1940, date à laquelle le conseil municipal valide les plans de l'architecte concernant les concessions et en fixe les prix : les concessions perpétuelles coûtent alors 100 francs le m², les concessions trentenaire 75 francs le m² et les concessions temporaires non renouvelables à 50 francs le m². Le prix du séjour d'un corps dans le caveau dépositoire sera de 30 francs par mois payable par trimestre.  

Le 18 octobre 1940, il est question des aménagements aux abords du cimetière qui doivent être remis en état en empiérrés. Ces travaux auront un coût de 7155 francs et comprennent le transport et l'épendage de 159 m3 de graviers. 

PATRIMOINE FUNERAIRE & SYMBOLIQUE

L’organisation des cimetières français tire son origine de la déclaration royale de 1776 et du décret du 12 juin 1804. Le cimetière parisien du Père-Lachaise, ouvert en 1804 a été un lieu d’expérimentation et un modèle. Les espaces de circulation, plantés d’arbres, y sont distincts des espaces d’inhumations. Les concessions de terrains, « perpétuelles » ou à durée limitée, permettent d’établir des caveaux de famille. Des rites nouveaux apparaissent : visite des tombeaux, dépôt de fleurs... Les croix, symboles religieux et statues en font l’espace urbain le plus religieusement marqué. A cette époque nombre de chose sont symboliques...

Petite revue des éléments remarquables du cimetière de Vassel

LES CROIX

- Les croix mortuaires entourées de perles de verre

Ce sont les plus anciennes et les moins disantes à l'achat. Elles sont composent de tubes de métal zingué dont les quatre extrémités sont obstruées par des bouchons. La face de ces bouchons peut être lisse ou décorée. Ils sont fixés dans la partie tubulaire de la croix par insertion de petites pattes de maintien. La croix est complètement recouverte par l'enroulement très serré d'un fil de métal retenant une multitude de petites perles. Au fil de temps, les fils ont pu craquer et les perles peuvent avoir disparues, ce qui est le cas à Vassel.

 

- Les croix en fonte

Les croix de fonte apparaissent au XVIIIème siècle, notamment avec l'individualisation des tombes, mais la plupart des croix encore visibles dans nos cimetières datnet du XIXème siècle. La reprise de concessions anciennes et la fragilité du matériau font disparaître peu à peu ce type de patrimoine funéraire. Vers 1840, ce sont les croix ajourées qui apparaissent et qui vont être produites en masse par des fonderies spécialisées dans le mobilier funéraire, souvent localisées dans le Nord, comme par exemple la fonderie Alfred Corneau (Charleville-Mézières dans les Ardennes). À quelques exceptions près, la production de croix en fonte s'arrête en 1830/1840. Son usure du fait de la rouille et la casse due au matériau en fait un patrimoine riche mais fragile.

LES CLOTURES

D'un point de vue symbolique, la réalisation d'une clôture autour d'une tombe ou d'une partie d'une tombe permet de créer deux espaces distincts : l'espace sacré, à l'intérieur du périmètre ainsi délimité et l'espace public, à l'extérieur. Dans le premier la pierre tombale et les corps en dessous sont donc sacralisés. Sur un monument funéraire de grande taille, cet espace, lorsqu'il est accessible, est réservé à la famille et aux proches.

LES COEURS EN METAL EMAILLES

Cet objet à fonction informative et décorative a eu tendance à supplanter dès le XIXe siècle le cœur découpé dans une simple feuille de cuivre ou de zinc, qui présentait l'inconvénient de ne permettre qu'une assez faible lisibilité des informations "poinçonnées" caractère par caractère sur sa surface et de très vite se ternir. L'utilisation de l'émail apportait par contre l'avantage d'un meilleur brillant de la matière, de l'éclat du contraste entre le fond blanc et les caractères en noir et la diversité de ces derniers (taille, gras, italique ou gothique). La contrepartie en était un coût nettement supérieur, car nécessitant l'intervention d'une technologie de caractère industriel, ne permettant pas une réalisation locale, par l'artisan du village ou du quartier. On a pu constater aussi, "à l'usage", que ces objets plus raffinés, plus esthétiques, pouvaient s'avérer plus fragiles que le modèle simple en métal poinçonné. Le fer servant de support à l'émail étant sujet à la rouille, dès lors qu'un choc quelconque (par chute sur la pierre de la tombe pour défaillance de la fixation, par exemple, ou par basculement lors d'une tempête d'un tombe voisine), l'objet était abîmé et aucune réparation n'était envisageable. Les points fragiles de ces cœurs en émail étant la dégradation de la surface à l'endroit précis des zones de fixation, juste sous les têtes de vis (le serrage ayant fragilisé l'adhérence de l'émail sur le fer).

Ces cœurs en métal émaillé étaient traditionnellement fixés verticalement sur des croix de bois, de fer forgé ou de fonte. La plupart de ceux que l'on trouve encore dans les cimetières en ce début de XXIème siècle ont perdu leur croix d'origine et sont simplement posés horizontalement sur la terre, ou dans le meilleur des cas sur la pierre d'une tombe ayant été installée depuis. A Vassel, beaucoup d'entre eux semblent néanmoins toujours en place.

Utilisé assez généralement jusqu'au début de la Seconde Guerre Mondiale partout en France, cet objet est passé de mode assez rapidement. Les derniers cœurs en métal émaillé datent des années 1950-1955.

UN PEU DE SYMBOLIQUE

Les Anges

L'Ange est le messager de Dieu et l'exécuteur de la volonté divine. Les bras étendus ou les ailes déployées, l'ange protège les défunts. Selon son fasciés, il peut exprimer le chagrin devant la perte d'un être cher. On en trouve de différents types et à différents endroits dans le cimetière de Vassel tant sur les croix en fonte que sur les stèles. L'une des tombes est ornée d'un ange monumental en ronde bosse qui pose à terre un flambeau. Le flambeau est lui aussi un symbole fort. La flamme  évoque la vie, la transfiguration de l’âme qui quitte le corps après la mort, mais également le souvenir vivace et la transmission, c'est pourquoi une flamme perpétuelle brûle au-dessus de la tombe du soldat inconnu. Elle peut aussi représenter la pensée qui permet d'orienter la marche dans les ténèbres.

Les Fleurs & les Végétaux

- Le lierre

Le lierre est à la fois symbole d'éternité et d'attachement. Comme tous les végétaux au feuillage persistant, il représente l'éternité ou l'immortalité. Le lierre peut pousser au pied de la croix et même la recouvrir; il symbolise alors la vie reprenant le dessus sur la mort.

 

- Le blé

Le blé représente la vie; il suggère la mort lorsque la faux coupe la tige. Les épis de blé peuvent représenter le corps du Christ. Ils sont alors souvent avec des grappes de raisin, image du sang du Fils de Dieu. Sur les tombes des agriculteurs, la gerbe ou les épis de blé peuvent accompagner les outils liés à l'exploitation de la terre.

 

- Le chardon

Le chardon évoque, avec ses épines, les affres de la vie, interrompus par la mort.

 

- Les immortelles ou fleurs séchées

Elles sont représentées sous forme de couronne mortuaire où, par essence, elles viennent renforcer le sens d'éternité du cercle.

 

- Le laurier

Le laurier a un feuillage persistant; il suggère ainsi l'éternité. Depuis l'époque romaine, il est aussi associé à la gloire. Les deux notions peuvent s'interpénétrer pour donner la gloire éternelle.

 

- Le pavot

Le pavot fournit l'opium dont la consommation entraîne le sommeil. Il symbolise ici le sommeil éternel, la mort.

 

- La rose

La rose est en Europe, la fleur des fleurs. Elle est la suggestion de l'amour et de l'amour partagé. Elle peut être représentée seule, en bouquet ou en couronne. Une tige de rose brisée symbolise le décès d'une jeune fille ou d'une jeune femme.

 

- La pensée

Formée de cinq pétales, la pensée évoque l'homme avec la tête et les quatre membres.

 

Les autres symboles

- L'étoile à cinq branches

L'étoile est source de lumière, elle est l'astre qui luit dans la nuit que représente la Mort. Assimilée aux cieux, l'étoile est le but à atteindre, elle éclaire le chemin que l'âme doit emprunter. Elle peut symboliser aussi la promesse d'une nouvelle vie.

 

 

 

- Le mains unies ou l'alliance

L'alliance est le terme utilisé par les marbriers pour désigner deux mains entrecroisées dont la supérieure est généralement celle d'une femme à l'annulaire présentant une alliance. Ce bijou est un cercle parfait - forme sans début ni fin - qui symbolise la permanence du couple malgré la mort.